Introduction à la pensée de maître Zhuan

avec Élisabeth Rochat de la Vallée

Temps du Corps Zhuangzi

Zhuangzi est l’un des penseurs les plus marquants et les plus profonds de la Chine. Son importance dans le taoïsme égale celle de Laozi.

Écrit dans une langue splendide, perçante et précise, avec des dialogues colorés, ce texte s'illustre de métaphores, de légendes et d'anecdotes qui en rendent le sens plus immédiatement saisissable, révélant au cœur de chacun son actualité toujours renouvelée.

Nous proposons une introduction à l’œuvre riche et complexe qui porte son nom à travers l’étude de quelques thèmes fondamentaux centrés sur sa vision de l’homme, de sa vraie nature et de sa destinée ainsi que sur son lien indéfectible avec la Voie du Ciel (tian dao 天 道)

Chaque session prend pour base un chapitre de l’œuvre; des extraits d’autres chapitres éclairent et approfondissent sa compréhension.

1        Présentation générale de l’œuvre. À travers des récits légendaires et des métaphores comme celle du poisson et de l’oiseau géants, le chapitre premier montre l’appel du Ciel au plus profond de l’être humain, et la grandeur de sa destinée. Texte principal : Première partie du ch.1

Ce texte présente la grande vision de Zhuangzi sur la nature et le sens de la vie humaine. Il plonge dans les profondeurs de notre origine et de notre vraie nature pour montrer l'être humain capable de s'élever au-‐dessus des soucis et des passions, mais aussi de dépasser son propre moi afin de se fondre dans le mouvement qui anime tous les êtres. Sans négliger le temps et les efforts nécessaires, il affirme que la réalisation d’une vie humaine se trouve dans l'ouverture à la grandeur de l'univers, à sa magnificence intemporelle. L'essentiel n'est pas dans la multiplicité des pensées, sentiments, activités, etc, mais dans la perception réelle de la racine et de l’unité, ainsi que dans la participation à la vitalité des êtres et du monde à partir de cette racine retrouvée et vécue.

La vraie libération, la joie et l'aisance infinies ne sont pas impossibles ni égoïstes; on peut cheminer vers elles comme on s'élève, toujours avec persévérance et parfois avec peine, sur la route en spirale qui mène en haut de la montagne et qui nous rapproche du Ciel.

2        Cette grandeur n’est pas acceptée sans problème. Il faut renverser nos valeurs, mettre en question ce que nous prenons pour du bon sens et inverser le sens de ce que nous croyons être sûr, profitable, etc. Texte principal : Deuxième partie du ch.1

Les anecdotes de la deuxième partie du ch.1 parlent du vrai sens de l’utile et de l’inutile, de la folie et de la raison, de ce qui importe réellement, de la Grande connaissance qui est au-delà de tout savoir et de toute pensée, mais qui en est le seul fondement possible.Le détachement permet d’accéder à la seule possession importante. Le dépassement et l’oubli de soi donnent la vraie puissance vitale

3        Cependant l'homme vrai peut vivre dans ce monde, sous certaines conditions, sans abjurer sa grandeur. Texte principal : Chapitre 6 (première partie).

Comment rester dans le monde et rester soi-même, vivre dans un environnement qui a perdu beaucoup de ses attaches avec la nature et l’ordre naturel de la vie tout en restant fidèle à sa vraie nature, comment être authentique sans se couper des relations humaines et s’abstraire des effets que nous avons les uns sur les autres. Le début de chapitre 6 et plusieurs autres textes nous éclairent sur ce que le Zhuangzi appelle authenticité (zhen 真) et homme authentique (zhen ren 真人) et nous aident dans nos réflexions pour naviguer dans un monde de compromis sans compromission.

4        Le non agir et le vide au centre de toute efficacité dans la société, dans les rapports aux autres. Texte principal : Chapitre 4 (première partie).

Le Zhuangzi s'intéresse aussi à la conduite possible dans la société humaine, en particulier dans le monde de la politique et du gouvernement.

Comment conseiller un prince selon la Voie (dao) et rendre meilleur son gouvernement dans un monde de violence et de conflits, où la loi (et la raison) du plus fort domine ?

À travers une analyse précise et profonde des mécanismes de la violence chez l’homme, il montre comment la psychologie la plus fine et la raison la plus intelligente sont insuffisantes face à celui qui vit pour son plaisir et son pouvoir.

Zhuangzi propose une démarche qui va au-delà et qui rejoint les fondements de sa pensée cosmique. À travers un magnifique dialogue entre Confucius et l'un de ses disciples qui veut convertir un prince à plus d'humanité, Zhuangzi expose son approche de la violence, des conflits et de leur possible résolution, une approche qui garde des résonances étrangement contemporaines et qui rejoint certaines des préoccupations majeures de notre temps.

5        La leçon de vie du boucher : retrouver en soi les mouvements spontanés de la vie. Texte principal : Chapitre 3 (première partie).

À travers l’exemple paradoxal d’un boucher découpeur de bœufs, Zhuangzi nous montre comment abandonner désirs et passions, ambitions et idéaux, connaissance sensorielle et intellectuelle, pour nous abandonner à l’esprit qui habite le monde et guide tous nos mouvements.

Il nous parle des relations entre la connaissance et l’agir; il nous invite à retrouver en soi les mouvements spontanés de la vie de façon à ce que nos actes ne nuisent jamais à notre vie ou à celle des autres; ce qui nous mène à une meilleure compréhension de ce qu’on appelle non-agir (wu wei 無為) ou agir naturel.

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